L’activation des charges
Le droit comptable autorise, dans quelques cas,
l'inscription de charges dans des comptes d'actif. L'imputation de ces charges
sur les résultats en est retardée,
ce qui contrevient au principe de prudence.
1.
Activation des charges :
1.1. Conflit entre le principe de prudence
et le principe de séparation des
exercices :
Le principe de séparation des
exercices exige que seules les charges engagées pour obtenir les produits de l'exercice, soient rattachées au
résultat de l'exercice.
Le principe de prudence conduit à comptabiliser une charge
dès que sa réalisation est certaine ou probable. Or, Certaines charges, déjà
engagées, généreront des économies ou des gains pendant plusieurs années.
Exemples :
1.Les rémunérations
d'intermédiaires et les droits d'enregistrement payés
lors de l'acquisition d'une immobilisation permettent d'utiliser cette
immobilisation et d'en obtenir des profits pendant sa durée
de vie de plusieurs années.
2.Les
charges de recherche et de développement
engagées
actuellement seront probablement à l'origine de la mise au point de produits
innovants qui seront commercialisés avec profit pendant
plusieurs années.
3.Les
charges engagées
pour constituer une société permettront à cette société d'exister et de réaliser
des bénéfices dans un avenir
que l'on espère fort long.
-
Selon
le principe de séparation des exercices, l'imputation de ces charges
devrait être étalée pendant toute la période de réalisation des produits,
c'est-à-dire sur les résultats de plusieurs exercices.
-
Selon le principe de prudence au
contraire, ces charges devraient être imputées en totalité sur le résultat du
seul exercice de leur engagement. C'est particulièrement le cas quand les
produits attendus dans les années à venir sont incertains.
1.2.
Option permise par le droit comptable :
Le
CGNC donnent le choix aux entreprises :
-
soit de laisser ces charges dans les comptes de la classe 6 et de les imputer
ainsi sur le résultat de l'exercice en cours ;
-
soit d'activer ces charges, c'est-à-dire de les transférer dans un compte
d'actif immobilisé (classe 2) ; ce
compte sera ensuite réparti sur les résultats de plusieurs exercices par le
biais d'un amortissement.
Selon
leur choix, les entreprises donnent ainsi la préférence à un principe ou à un
autre. Cette option est cependant strictement encadrée par le CGNC pour éviter
les abus. Les charges susceptibles d'être activées y sont définies et les
conditions de cette activation y sont précisées.
Le
PCGE classe les charges activées en quatre postes d'actif :
- les
frais préliminaires (poste 211),
- les
charges à répartir sur plusieurs exercices (poste 212).
- Les primes de remboursement des obligations
(poste 213).
- les
immobilisations en recherche et de
développement (poste 221),
2.
Définitions et conditions d'activation :
2.1.
Frais préliminaires (poste 211) :
Les
charges qui conditionnent la création ou le développement de l'entreprise
peuvent être inscrites dans ce compte d'immobilisations en non valeurs.
Les
frais préliminaires comprennent :
-
les frais de constitution (compte 2111)
; ce sont les charges supportées lors de la constitution d'une société (droits
d'enregistrement, honoraires, frais de greffe du tribunal de commerce, frais
d'insertion dans les journaux d'annonces légales) ;
-
les frais préalables au démarrage (compte 2112) ; ce sont les charges
antérieures au démarrage effectif des moyens de production de l’entreprise.
-
les frais d'augmentation de capital
(compte 2113) ; ce sont les charges supportées lors de l'augmentation du
capital d'une société ; elles sont de même nature que les frais de
constitution.
-
(…)
2.2.
Charges à répartir sur plusieurs exercices (compte 212) :
Les
charges suivantes peuvent être inscrites dans ce compte d'actif:
-
frais d'acquisition d'immobilisations
(compte 2121) ; ce sont les frais d'acquisition exclus de la valeur d'entrée de
l'immobilisation (impôts et rémunérations d'intermédiaires);
-
frais d'émission d'emprunts (compte
2125);
-
autres
charges à répartir (compte 2128)
; il s’agit de charges différées ayant le
caractère d'investissements directement affectables à des productions futures
ayant de sérieuses chances de rentabilité commerciale (ex. frais de
préexploitation d'un chantier : sélection et formation du personnel, préloyers,
surveillance...) ; ou de charges à étaler qui ont un caractère bénéfique et
durable pour l'entreprise (ex. frais d'introduction en Bourse, droit d'entrée
versé aux centrales d'achat, dépenses liées à la certification ISO...).
2.3.
Les primes de remboursement des obligations :
Il s’agit de la différence entre le montant
futur à rembourser hors intérêts, et le montant versé par le prêteur
2.4.
Les immobilisations en recherche et
développement (poste 221) :
Les
charges engagées par l'entreprise, pour son propre compte, dans les domaines de
la recherche appliquée et du développement peuvent être inscrites dans ce
compte d'immobilisations incorporelles.
Cette
définition exclut d'activer les charges de recherche fondamentale et les
charges engagées pour satisfaire une commande d'un client.
L'inscription
à l'actif des charges de recherche appliquée et de développement est
exceptionnelle. Les conditions suivantes doivent être simultanément remplies :
- les
projets de recherche en cause sont nettement individualisés et leur coût
distinctement établi ;
- chaque
projet doit avoir, à la date d'établissement des situations comptables
(bilans), de sérieuses chances de réussite technique et de rentabilité
commerciale.
3.
Traitement comptable :
3.1.
Lors de l'engagement de la charge :
Les
charges sont normalement enregistrées au débit des comptes de la classe 6
auxquels elles correspondent.
Exemple:
La
société Luxus acquiert un immeuble le 1er mars N au prix de 1 200 000 DH. Elle
paye les honoraires du notaire qui s'élèvent à 12 000 DH HT et les droits
d'enregistrement qui s'élèvent à 30 000 DH. La comptabilisation du paiement des
frais est la suivante :
6136
34552
6167
|
|
Rémunérations d'intermédiaires et honoraires
État - TVA
récupérables/ch
Impôts, taxes et droits
assimilés
|
12 000
2400
30
000
|
|
|
5141
|
Banque
|
|
44
400
|
3.2. À la clôture de l'exercice d'engagement de la
charge :
La
comptabilisation s'effectue en deux étapes.
-
Première étape : transfert des charges
Les
charges sont transférées dans un compte d'actif
immobilisé en vue de préparer leur étalement. En contre partie, un
compte de produits est crédité pour compenser les comptes de charges qui
avaient été initialement débités.
La
comptabilisation des immobilisations en
non valeurs se fait en contre partie du crédit d’un compte de transfert de
charge alors que la constatation des
immobilisations en recherche développement se traduit par le crédit du compte
d’immobilisations incorporelles produites
- Deuxième étape : amortissement
Le compte d'actif
immobilisé est amorti.
• Les frais préliminaires, les charges à répartir et les immobilisations en recherche
développement doivent être amortis selon un plan d'amortissement linéaire et
dans un délai maximal de cinq ans. Les comptes sont ceux normalement utilisés
pour l'amortissement pour dépréciation des immobilisations.
Chaque annuité ne peut être inférieure à l/5e (ce
qui exclut tout calcul au prorata temporis) ;
Exemple 2 :
La société Luxus
augmente son capital le 15 mai
N. Elle paye 8000 DH HT pour la publication dans un journal
d'annonces légales. Elle décide d'amortir les
frais d'augmentation de capital sur cinq exercices.
La comptabilisation de l'amortissement est la suivante :
6191
|
|
DEA
d’immobilisations en non valeur
|
1600
|
|
|
28113
|
Amt des frais d’augmentation de capital
|
|
1600
|
• Les primes de remboursement d’obligations sont amorties au
prorata des intérêts courus. Elles peuvent l’être également par fractions
égales au prorata de la durée de l’emprunt quelque soit la cadence de
remboursement des obligations.
3.3. Présentation des
charges activées à l'actif du bilan :
Le PCGE présente des
modèles de bilan montrant distinctement la valeur brute, les amortissements et
la valeur nette des frais de constitution, des charges à répartir sur plusieurs
exercices, des primes de remboursement d’obligations et des frais de recherche et développement.
3.4. Fin de l'amortissement :
Les comptes des
immobilisations en non valeur doivent être soldés quand leur valeur nette
comptable devient nulle ; ils disparaissent ainsi du bilan de l'entreprise.
Remarque :
Rappelons qu'une règle
différente s'applique à toutes les autres immobilisations : leurs comptes ne
sont soldés que lorsque le bien a cessé d'être utilisé.
Exemple 2
(suite) :
En fin d'amortissement, on enregistre
l'écriture suivante :
|
28113
|
Amt des frais d’augmentation de capital
|
8000
|
|
|
2113
|
frais d’augmentation de capital
|
|
8000
|
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